L’image que renvoie aujourd’hui le bouillonnant département de Seine-Saint-Denis laisse peu de place à la lecture de traces d’un récent passé modestement laborieux et industrieux. Les châteaux d’eau par leur fonction : alimenter en eau, entrent dans la catégorie des patrimoines industriels et sont, mais sous d’autres formes architecturales ou techniques, encore indispensables à la distribution de l’eau aujourd’hui. En Seine-Saint-Denis, ils font mémoire, pour beaucoup, d’un « avant » parfois insoupçonné. C’est cet « avant » qui dessine une autre banlieue que nous voulons réanimer pour le temps d’une promenade, d’un arrêt dans un passé virtuel. Ce temps bref est aussi l’occasion dans certains cas de témoigner du fait qu’une seconde vie reste possible pour des choses que l’on croyait définitivement inutiles. Les villages, gros bourgs ou petites villes du milieu du XIXème siècle se sont densifiées jusqu’à donner naissance à des agglomérations qui ont nécessité de plus en plus de besoins pour les populations comme pour les industries qui s’implantent.Par exemple, le premier château d’eau de Clichy-sous-Bois construit en 1875 pouvait convenir lors de son édification aux besoins d’un village de 247 habitants. En 1901 lorsque le second château d’eau est construit, la ville, devenue plus industrieuse compte 672 habitants. Ce double château d’eau dure jusqu’en 1938 où une autre solution doit être trouvée pour la petite ville qui compte désormais 4056 habitants et en comptera 29735 en 2021. Le château d’eau, c’est ce témoin d’hier ou d’aujourd’hui, que cette application doit rappeler.

Le château d'eau de Prémont dans l'Aisne

Cliquez ici pour découvrir l'intérieur de ce château d'eau

Introduction et histoire 

Le Technicentre des Joncherolles, situé à Villetaneuse, est un site stratégique de la SNCF dédié à la maintenance ferroviaire en Île-de-France. Inauguré en 1934 par la Compagnie des chemins de fer du Nord, le technicentre était initialement dédié à l'entretien des locomotives à vapeur du service de banlieue. Avec l'électrification progressive des lignes, le site a évolué pour répondre aux besoins modernes du réseau ferroviaire et pour accueillir aujourd’hui les rames modernes, dont les Franciliens. Le site s'étend sur 12 hectares à cheval sur trois communes et on y assure la maintenance quotidienne de 172 trains (lignes D, H, et K du Transilien), avec 60 trames traitées chaque jour. Aujourd’hui, le château d’eau de 16 mètres de haut permet de stocker 200 000 litres d’eau qui permettent le nettoyage intérieur et extérieur des 170 rames circulant sur une partie du réseau nord du Transilien . Le site est un pilier du transport ferroviaire moderne, à la fois par son histoire et par ses équipements constamment modernisés.

Bonjour, vous qui me voyez si souvent sans vraiment me regarder,oui moi, le château d’eau de villetaneuse. Laissez-moi vous poser une question : Savez-vous d'où vient le nom de Villetaneuse ?Le nom de ma ville vient de Villa stagnosa, ça veut dire « domaine au sol marécageux » en latin, pas étonnant qu’il ait fallu apprendre à gérer l’eau, ici. Dans les archives de l’abbaye de Saint-Denis, le village est mentionné dès le XIIᵉ siècle. À l’époque, c’est tout petit. Rural. 200 habitants, au mieux. On cultive du blé, des légumes, de la vigne… On vit avec la terre. Puis, au XIXᵉ siècle, la voie ferrée arrive. La ligne Paris-Pontoise traverse le coin et permet notamment aux parisiens de venir chercher un peu de calme! L’arrivée de la voie ferrée attirent aussi quelques usines. La population de Villetaneuse passe à 700 habitants en 1900. C’est dans les années 1950-60 que s’opère une vrai tournant important . Des logements sortent de terre pour accueillir les familles venues d’ailleurs : des campagnes françaises, d’Afrique du Nord puis du monde entier. On passe de 700 à 10 000 habitants! Pas loin de Villetaneuse un autre géant s’agite : le Technicentre des Joncherolles. Moi le château d’eau de Villetaneuse j’y suis né en 1934, je servais à fournir l’eau nécessaire à l’entretien des locomotives à vapeur. Et 90 ans plus tard, je travaille encore. Et oui : Chaque jour et chaque nuit. Je m’assure que le centre ait toujours de quoi laver les trains. On veille sur moi, on m’à même décoré de cette jolie fresque qui représente le travail et les relations humaines dans la grande famille des voies ferrées. Aujourd’hui, mon réservoir permet de nettoyer chaque jour 60 trains qui empruntent les 3 lignes de RER que je surplombe. Je ne suis pas obsolète! J’aurais pour encore longtemps je crois l’occasion de me rendre utile ! Je suis le château d’eau de Villetaneuse.Je travaille en silence. Mais si tu tends l’oreille… Tu m’entendras sûrement!

Villetaneuse 

Les maraîchers et maraîchères doivent leurs noms à leurs ancêtres parisiens qui cultivaient les marais de la capitale situés à l'emplacement de l'actuel quartier du Marais. Lorsqu'ils s'installent en banlieue au XIXème siècle, ils élèvent systématiquement des murs autour de leurs parcelles souvent carrées, appelés des marais, donnant ainsi naissance à un nouveau paysage agricole. Pierrefitte a un grand passé agricole et particulièrement maraîcher.Grâce à la richesse de ses sols et à la présence d’une nappe phréatique abondante, de nombreux exploitants s’y installent dès la fin du XIXe siècle. Peu à peu, des clos maraîchers se forment autour du croisement de l’ancien chemin d’Amiens et de l’actuelle avenue de Stalingrad. Petit à petit, un paysage agricole singulier émerge : des parcelles étroites entourées de murs coupe-vent afin de créer des conditions propices à la culture des fruits et légumes. Des citernes et des puits qui sont nécessaires pour irriguer des cultures exigeantes en eau sont créés ; on voit aussi apparaître de petites maisons en brique servant à la fois d’habitat et de stockage. Aujourd’hui, malgré l’urbanisation, des traces de ce passé subsistent : quelques maisons maraîchères, des murs agricoles tout le long de la rue d'Amiens, et cinq citernes à eau, hélas laissées à l’abandon. Mais un nouveau chapitre s'écrit. Le projet d’aménagement des Tartres entend préserver cette mémoire vivante avec la création de 2,5 hectares de jardins familiaux, 3,5 hectares de terres agricoles, et un futur parc de 16 hectares. Le tout formant un « poumon vert » dans une zone devenue bien dense, à cheval sur trois communes.

Nous sommes là. Discrets. Usés. Un peu rouillés, peut-être bien oubliés.Mais toujours debout. Nous sommes les Cinq châteaux d’eau survivants de la rue d’Amiens et le souvenir maraîcher de cette ville. Mais tout a commencé bien avant nous. Le nom de cette ville vient de loin : Petra Ficta en latin celà évoque une pierre façonnée, blanche et dure, séchée au soleil. Dès le IXᵉ siècle, l’abbaye de Saint-Denis possédait ici des vignes. Puis la vigne a reculé… remplacée peu à peu par les cultures maraîchères.<brPierrefitte est devenue une terre nourricière pour Paris. Le village s’est structuré. On voit apparaître des champs, des clos, des routes royales…et à la fin du XVIIIᵉ siècle, les choses s’accélèrent. De plus en plus de clos et de puits et des citernes alimentant des rangées de légumes pour les maraîchers et leurs familles. L’eau qu’on gardait dans nos réservoirs servait à irriguer toutes ces terres. À faire pousser ce qui approvisionnait les marchés de Paris. En 1859, la gare est arrivée. Et avec elle, le village change et se transforme en ville.Des rues nouvelles. Des lotissements.Des pavillons puis des cités. La population grimpe.Et au début du xxe siècle, les terres maraîchères deviennent peu à peu des jardins ouvriers et nous, les petits châteaux d’eau du quartier des Tartres, on commence à nous oublier. Certains d’entre nous y sont encore, nous sommes devenus les témoins rouillés d’un passé agricole florissant? Notre allure à la marque du temps, nos pieds en briques s’effritent.Nos réservoirs sont tellement rouillés que inévitablement la démolition nous attend! Nous laisserons la place à des immeubles rutilants car aujourd'hui, on parle de redonner vie aux Tartres. De créer un cœur vert, avec des jardins familiaux et une petite zone agricole dans un grand parc. Qui sait, peut-être que l’une des anciennes maisons maraîchères subsistantes deviendra la Maison de l’Agriculture urbaine? Ou, un lieu pour raconter, transmettre, faire revivre ces gestes d’autrefois. Peut-être même que l’on nous restaurera. Ce serait tellement dommage de voir notre souvenir s’éteindre à jamais! Nous sommes un souvenir de l’histoire de l’eau de cette ville, nous,les réservoirs des clos maraîchers de Pierrefitte.

L'incroyable histoire du dernier maraîcher de Seine-Saint-Denis qui a fondé la ferme Kersanté,une exploitation maraîchère de 2,5 hectares qui produit des salades, choux, courgettes, concombres, tomates qui sont toujours à la ferme.

L'incroyable histoire du dernier maraîcher de Seine-Saint-Denis

Pierrefitte-sur-Seine 

Transformation du château d'eau de la Courneuve

Le château d’eau de La Courneuve, situé à l’intersection de la rue Parmentier et de la place du Château-d’Eau, n’est plus aujourd’hui un château d’eau. Construit en 1899, ce château d’eau en briques installé sur un puits artésien servait autrefois à fournir de l’eau potable aux quartiers ouvriers et à alimenter les pompiers en cas d’incendie. Mais qu'est ce qu'un puits artésien? Un puits artésien est un puits dans lequel l’eau remonte naturellement à la surface sous pression, sans qu’il soit nécessaire de la pomper mécaniquement. Aujourd’hui, le château d’eau a été transformé en immeuble d’habitation. Une belle manière de réhabiliter le patrimoine tout en offrant des logements. Il est orné d'une œuvre intitulée Le Mur d'Eau, cette sculpture en granit du Tarn de 4m de haut et de 10 m de long est une fontaine sur plan incliné. Elle rassemble petits et grands tout au long de la journée, pour jouer ou au contraire s’accorder une pause en écoutant l'eau couler. Une réussite sculptée par l'artiste Marta Pan.

Approchez… Je suis l’âme du château d’eau de La Courneuve.Aujourd’hui, vous me voyez peut-être comme un simple immeuble…Mais autrefois, j’étais le cœur battant de la ville.J’ai vu la campagne changer, j’ai vu les champs rétrécir, j’ai vu l'arrivée des usines, les bombes tomber, j’ai vu la paix revenir. Celà vous intéresse? Alors installez vous, je vais vous raconter mon histoire et celle de la Courneuve. Au début du XIXᵉ siècle, La Courneuve n’était qu’un village tranquille de 499 âmes avec quelques fermes… Et des champs à perte de vue, gorgés de légumes destinés aux Halles de Paris. La Courneuve, c'était la terre qui nourrissait la capitale. Mais en 1850… tout change! Les machines sont arrivées. Le fer. Le feu. L’industrie.Des usines sont construites d’un côté, et de l’autre, les logements ouvriers. Les grands noms s’y installent: Sohier fabrique les serres de l’Exposition Universelle…Babcock construit ses chaudières,Corpet-Louvet ses locomotives,Rateau ses turbines… aujourd’hui sous le nom d’Alstom.La Courneuve devient un moteur, un aimant. Elle attire, elle transforme. En 1900, déjà 2 000 habitants. Et moi, le château d’eau, je suis au centre de cette agitation. J’alimente ces foyers et la citerne des pompiers. Puis vint la guerre. 1914. La ville devient une forge.On y fabrique des munitions, des obus, des chars…Et quand les hommes partent au front, ce sont les femmes qui prennent la relève.On crée même des crèches industrielles. Une première. Mais la guerre frappe fort… En mars 1918, une explosion secoue toute La Courneuve. Un dépôt de grenades explose. La ville est meurtrie… En 1921, elle reçoit la Croix de Guerre, une médaille qui célèbre le courage des habitants et reconnaît leurs douleurs. Après ça ? Un nouvel élan. Les ouvriers affluent. 10 000 habitants ! Des quartiers surgissent, chacun bâtit son pavillon.Et toujours, je veille.Je remplis mes flancs d’eau pour la ville qui grandit. En 1940, le vent tourne à nouveau.L’Occupation. Mais ici, à la Courneuve, on résiste dans l’ombre.Le 10 août 1944, les bombes alliées frappent un dépôt d’essence allemand.8 morts. 123 maisons détruites. La ville est secouée mais finit par se relever. Les années 70 arrivent et avec elles, le déclin de l’industrie.Il reste alors 13 000 travailleurs dans des entreprises plus modernes. Aujourd’hui, La Courneuve est une mosaïque.110 nationalités, une richesse humaine immense. Mais qui porte aussi des défis.La précarité. Les tensions sociales. Les friches industrielles à réinventer.Et pourtant… la ville avance. Et moi, je suis toujours debout. Mais je ne suis plus un château d’eau, on m’a transformé. Rénové. Réinventé.Aujourd’hui, je loge des familles. En 1989, j’ai reçu un cadeau : l’artiste Marta Pan m’a offert le Mur d’eau. Une fontaine en granit du Tarn, où l’eau ruisselle comme un poème. Mon eau ne coule plus, mais ma mémoire, elle, circule toujours.

De l'eau pour les habitants et pour les pompiers 

La Courneuve

L’Imprimerie Légendaire de L'Illustration : Une Histoire de Modernité et de Transformation

Au sommet de l’ancienne imprimerie L’Illustration à Bobigny, aujourd’hui intégrée au campus de l’Université Paris 13, se trouvent encore deux réservoirs d’eau d’une capacité totale de 350 m³. Leur fonction d’origine était principalement liée à la sécurité incendie du site. Ces réservoirs alimentaient un dispositif impressionnant : quatre bouches d’incendie extérieures et près d’une quarantaine de postes internes fournissent également de l’eau aux sanitaires et lavabos du personnel. À l’inauguration du bâtiment de L’Illustration en 1933, l'eau était pompée depuis un forage privé, appartenant à l’imprimerie elle-même. Cependant, en raison de la forte teneur en calcaire de cette eau souterraine, elle ne pouvait être utilisée pour tous les usages, notamment ceux requérant une eau de qualité pour certaines étapes délicates du processus d’impression. C’est pourquoi une alimentation en eau de ville fut mise en place en parallèle, doublant le système de distribution basé sur le forage. Il semblerait que les réservoirs n’aient pas été détruits, lorsque la réhabilitation du bâtiment a eu lieu. Aujourd’hui des logements pour étudiants occupent le château d’eau à l'exception des réservoirs.

Des locaux du magazine l'Illustration à la Sorbonne Paris 13

Là-haut, juste au-dessus de l’horloge, je veille. Invisible, mais essentiel.À Bobigny, je suis l’âme du château d’eau de l’ancienne imprimerie de L’Illustration.Deux grands réservoirs, 350 m3 chacun qui ne sont pas faits pour être vus mais qui sont très utiles! De là-haut , je vois loin. Dans l’espace… et je dirais dans le temps. Tout commence en 1843. Quatre hommes d’affaires fondent un hebdomadaire pas comme les autres. L’Illustration. De belles images, des sujets du monde entier… et un succès rapide. En 1904, la famille Baschet prend les rênes du magazine et donne un coup d’accélérateur. Toujours Des photos, des reportages internationaux… et bientôt, un projet :construire leur propre imprimerie. Grande. Moderne. Efficace. En 1931, ils achètent à Bobigny 30 hectares de ce qui était encore des terres maraîchères à l’époque.Et ce qu’ils ont bâti là, c’était bien plus qu’une usine : c’est une ville dans la ville.Des machines de pointe, un stade, des pavillons pour les employés…Et moi, en haut d’une tour administrative de 64 mètres. En 1933, l’imprimerie ouvre ses portes. Une merveille d’architecture des années 30.Béton, briques rouges, lignes sobres, puissantes.On disait que c’était l’une des plus modernes d’Europe.Et j’en étais le point culminant. Mon rôle ? L’eau.Fournir les sanitaires, les lavabos…Mais surtout, alimenter les bouches anti-incendie.Quatre à l’extérieur, une quarantaine à l’intérieur. Ici, pas question de panne : il fallait que tout fonctionne.L’eau venait d’un forage dédié, creusé spécialement pour l’imprimerie.Pourtant, elle était trop calcaire. Loin d’être idéale pour les machines d’impression.Alors on a doublé le système avec l’eau de la ville.Précaution, efficacité. C’était ça, l’esprit du lieu. Après la 2nd guerre mondiale, le journal décline.Mais l’imprimerie, elle, continue un temps. D’autres entreprises s’y installent… Jusqu’aux années 70, où le site devient un entrepôt.Puis, en 1990, tout change à nouveau. L’université Paris 13 s’installe ici.Et moi, là-haut, je suis toujours là. Je n’ai pas été détruit.Juste… fermé à la visite. On s’arrête juste en dessous, au dernier étage des logements destinés aux étudiants. En 2018, le site a été reconnu Patrimoine d’intérêt régional.C’est une belle manière de dire :“On vous voit. Vous comptez encore.On veut garder l’âme du lieu. Ne pas effacer ce passé. Moi, je ne fais plus de bruit. Je ne tourne plus mes vannes comme avant.Mais je suis toujours là, au-dessus de l’horloge. Je suis le château d’eau de L’Illustration.Et tant que mes réservoirs tiendront bon, je garderai son histoire imprimée dans ma mémoire! En 1843 L'Illustration est fondée par quatre hommes d’affaires visionnaires. Inspirée des revues anglaises à succès, cette publication devient rapidement célèbre grâce à ses superbes images et ses sujets variés. En 1904, la famille Baschet prend la direction du journal, apportant des innovations majeures. Ils y ajoutent des photos, des reportages du monde entier et créent une imprimerie à Bobigny pour augmenter la production. L'entre 2 guerres voit le triomphe du béton et du métal et l'adoption des techniques de production nouvelles provenant d'Outre -Atlantique. L'hebdomadaire acquiert en 1931, 30 hectares de terrains maraîchers à Bobigny pour y construire sa nouvelle imprimerie. La construction de l'imprimerie devient un projet colossal : une usine ultra-moderne, mais aussi une ville-jardin pour ses employés avec un stade et des pavillons. En 1933, l’imprimerie de Bobigny conçut par les architectes Lefébure, Hirschmann et Tannière,ouvre ses portes et est saluée comme l’une des plus modernes d’Europe. L’architecture de l’usine est impressionnante : des bâtiments gigantesques en béton et recouverte de briques de parement rouge,certaines parties comme le soubassement, la corniche et l'étage supérieur sont recouvertes de ciment-pierre.Le style est résolument des années 30. Une tour administrative de 64 mètres, et des machines de production incroyablement perfectionnées pour l’époque. Derrière cette horloge se dissimule le château d’eau dont les deux réservoirs de 350m3 alimentaient en eau les sanitaires et servaient de réserves en cas d’incendie. Malheureusement, le journal subit un déclin après la Seconde Guerre mondiale, mais l’imprimerie continue à fonctionner sous la direction d’autres sociétés. Dans les années 70, après plusieurs changements de propriétaires, le site se transforme en entrepôt, avant d'être racheté en 1990 pour créer un campus universitaire. Et moi, là-haut, je suis toujours là. Je n’ai pas été détruit.Juste… fermé à la visite. On s’arrête juste en dessous, au dernier étage des logements destinés aux étudiants. En 2018, le site a été reconnu Patrimoine d’intérêt régional.C’est une belle manière de dire :“On vous voit. Vous comptez encore.”On veut garder l’âme du lieu. Ne pas effacer ce passé.Moi, je ne fais plus de bruit. Je ne tourne plus mes vannes comme avant.Mais je suis toujours là, au-dessus de l’horloge. Je suis le château d’eau de L’Illustration.Et tant que mes réservoirs tiendront bon, je garderai son histoire imprimée dans ma mémoire! !

Vidéo réalisée par Eric Levigneron de Drône Malin

UNIVERSITÉ SORBONNE PARIS NORD - CAMPUS DE BOBIGNY

Vue aérienne de l'ancienne tour de l'Illustration aujourd'hui la Sorbonne Paris 13

Bobigny 

L'incroyable histoire du château d'eau des moulins de Pantin

En janvier 1922, les Grands Moulins présentent à la mairie de Pantin de nouveaux plans: On y trouve une tour carrée accolée au moulin, ayant pour rôle principal celui d’un château d’eau de plus de 40 000 litres. Toutefois, l’ensemble ne doit pas dépasser 22 mètres de hauteur, conformément aux exigences de la mairie.Cependant,la ténacité des architectes aura raison de la rigueur administrative : « .....sur les quatre faces l’horloge déposée rendra des services à la population de votre commune.... ». cet argument achève de les convaincre et l’horloge verra bien le jour! La construction commence en février 1922 avec l’élévation d’un ensemble de bâtiments en béton armé recouvert de briques, aux formes diverses qui n’aura de cesse d’évoluer et de s’agrandir. Un réservoir supplémentaire prévu au sommet d’une autre tour ne verra jamais le jour.

La tour carrée, située à droite de l’image, est construite en 1923, elle stockait l’eau destinée à nettoyer le blé avant le broyage. La tour beffroi ou tour de l’horloge quant à elle, abrite un escalier tournant et à son sommet une citerne de 47000 litres d’eau servant à alimenter les extincteurs automatiques de l’usine et sert donc de système anti incendie. Le fût du château d’eau est percé de fenêtres verticales. En haut de la tour, on peut voir le cadran de l’horloge à 4 faces et au-dessus le toit surmonté d’un clocher.

Je suis perché là-haut, 47 mètres au-dessus du sol. Une tour de brique, une horloge sur mes flancs, et au sommet, mes réservoirs. Deux grands contenants d’eau. Depuis près d’un siècle, je veille sur Pantin.Je suis le château d'eau des Grands Moulins.J'ai vu passer le blé, la farine, les sacs, les ouvriers. J'ai connu les machines, la vapeur, l'électricité, les moteurs. J'ai été construit pour protéger le moulin, mon eau servait aux bouches à incendie, aux lavabos, à la vie du site. Tout a commencé en 1880, quand Abel-Stanislas Leblanc, un minotier de la Brie, achète ce terrain entre le canal de l’Ourcq et la voie ferrée. Il y installe un moulin moderne. Une première minoterie à meules, perfectionnée ensuite avec des cylindres.Un incendie, une reconstruction, puis une nouvelle minoterie encore plus ambitieuse voit le jour en 1923. Inspirée de l’architecture alsacienne. Ossature en béton armé, brique blonde, charpente solide. Et moi, le beffroi-château d'eau, j'apparais à cette époque. J'ai été érigé entre 1924 et 1925. On a même dû obtenir une dérogation pour me construire aussi haut. Mais j'étais utile. Et mes horloges servaient à tout le quartier.L’activité ici, c’était des tonnes de farine, des camions, des wagons, des ouvriers par centaine.Et toujours, cette exigence : alimenter, protéger, réguler. En août 1944, un incendie touche les Grands Moulins quand les allemands font sauter une péniche d’explosifs, les FFI répondent, des obus allemands tombent. Les magasins et le moulin brûlent. Mais ils sont reconstruits. Plus hauts, plus solides. Et moi, je continue à remplir mon rôle, silencieusement. Les années 50 sont productives.Une semoulerie s’ajoute. On atteint 12 000 quintaux de farine par jour.Du blé, du pain, des boulangers partout.On livre en vrac. On invente des camions à compartiments.On construit des silos toujours plus grands.Pantin nourrit la ville.Mais les habitudes changent.Le pain se vend moins.Les effectifs fondent. La mécanisation remplace les hommes. En 2001, la production s’arrête et en 2003, les portes se ferment. Mais l’histoire n’est pas finie! En 2006, BNP Paribas entre en scène. On décide de réhabiliter les lieux.De respecter leur silhouette, leur mémoire. Les architectes Reichen et Robert sont choisis. En 2009, les Moulins deviennent un campus de bureaux. 50 000 m2, 3 000 salariés.On garde les briques, on réutilise les pavés, on expose la vieille chaudière. On laisse voir le passé à travers le verre du présent. Et moi ? Je suis toujours debout. Mes réservoirs sont là. Peut-être vides, mais pleins de souvenirs.Je suis le château d'eau des Grands Moulins de Pantin.Je suis la mémoire de cette épopée industrielle.

Pantin, canal de l'Ourcq 

Le château d'eau de type Hennebique des Lilas

La position en hauteur de la ville des Lilas a favorisé l’installation de réservoirs d’eau, un choix stratégique pour garantir la pression et la distribution. C’est la raison pour laquelle la Compagnie Générale des Eaux s’est implantée rue du Garde-Chasse dès 1908. Le château d’eau de type Hennebique, du nom de l’ingénieur français François Hennebique (1842-1921 ) construit à cet endroit servait à stocker l’eau acheminée depuis la Marne, après son traitement dans les usines de Neuilly-sur-Marne et de Noisy-le-Grand, avant d’être redistribuée aux habitants des Lilas. Après plus d’un siècle d’existence, l’édifice est finalement vendu en 2021 par le SEDIF (Syndicat des Eaux d’Île-de-France).L’approvisionnement de la ville en eau est maintenu par un autre château d’eau situé à quelques rues de celui-ci.

Si la Ville compte aujourd’hui deux châteaux d’eau, celui-ci est le seul encore en activité. Il sert, comme auparavant son homologue rue du Garde-Chasse, à stocker l’eau acheminée depuis la Marne, traitée dans l’usine des eaux de Neuilly-sur-Marne et Noisy-le-Grand avant d’être redistribuée aux lilasiens.

Écoutez… C’est moi, l’âme du château d’eau. Je veille, là-haut, sur cette ville qui jadis n’était que champs et parfums sauvages. Avant que les rues ne bourdonnent, avant même les premières maisons, ce territoire n’était qu’un tapis de nature. Des lilas — oui, ces grappes mauves et odorantes —, des vergers, des vignes et des bois... Des bouleaux, dressés comme des gardiens d’un autre temps. Jusqu’au XVIIᵉ siècle, pas une seule habitation à l’horizon. Juste le vent, les saisons, et le chant discret de la terre.Mais les choses changent toujours, n’est-ce pas ? Dès les années 1820, les Parisiens, fatigués du tumulte de la capitale, venaient ici chercher l’insouciance sous les arbres. Cabarets, guinguettes, rires et musiques : le bois vibrait d’une autre vie. Puis vinrent les premières maisons. En trente ans, trois cents d’entre elles se dressaient déjà. Et moi, je regardais tout cela grandir… Le 24 juillet 1867, on donna un nom à ce territoire: Les Lilas. Un nom cueilli tout droit dans les feuillages de son paysage bucolique. On la sépare des villes voisines de Romainville, Bagnolet et Pantin pour la consacrer en tant que commune. Ce n'était plus un bois oublié mais un bourg.. Puis l’industrie s’en mêla. À la fin du XIXᵉ siècle, les cheminées se mirent à fumer, les ateliers à bourdonner. Après la guerre, la ville prit son essor. Aujourd’hui encore, elle bruisse d’activités, de voix et de métiers nouveaux, sans jamais oublier ses racines artisanales. Et moi, dans tout cela ?Je suis né en 1908, sur les hauteurs des Lilas. C’est la colline qui fit de moi le gardien de l’eau. On m’avait confié la mission de stocker l’eau venue de la Marne, purifiée dans les usines de Neuilly-sur-Marne et Noisy-le-Grand, pour la redistribuer à chaque foyer lilasien.Rue du Garde-Chasse, je me dressais comme une vigie. Je faisais partie du quotidien, indispensable mais discret. Une présence. Une force silencieuse. Ah, et savez-vous qu’à une époque, même l’horloge de la mairie battait un autre rythme que celui de Paris ? Car Les Lilas n’était pas sur le même méridien. Jusqu’en 1891, l’heure n’y était pas tout à fait la même. Ce n’est qu’ensuite qu’on se synchronisa, avant que la France entière ne se plie au méridien de Greenwich en 1911.Oui, j’ai vu le temps défiler. Je l’ai senti s’infiltrer dans mes pierres. En 2021, le SEDIF m’a vendu, comme on referme un vieux livre. 476 000 euros, c’est ce que valait mon enveloppe. Mais ma mémoire, elle, n’a pas de prix. Car même si mes tuyaux sont secs, ma voix résonne encore dans les murs et dans les souvenirs des anciens.Je suis l’âme du château d’eau des Lilas.

Les Lilas

Au début du XXe siècle, l’accès à l’eau potable devient un enjeu majeur pour les habitants de Romainville, dont la population a explosé avec l’arrivée des ouvriers travaillant dans les carrières de gypse. L’implantation de l’industrie pharmaceutique, puis chimique, renforce encore le processus d’industrialisation de la ville. La proximité des abattoirs de la Villette favorise l’exploitation des résidus animaux — os, peaux, sang et déchets — qui servent à la fabrication de colles, de gélatines, de savons, puis de médicaments. Face à cette croissance, chaque usine construit son propre château d’eau, mais une solution collective devient indispensable. En 1958, deux nouveaux châteaux d’eau jumeaux sont érigés dans le quartier des Trois Communes / Les Ormes, permettant enfin à la ville de répondre à ses besoins en eau. Hauts de 40 mètres, ces jumeaux de béton témoignent eux aussi de l’essor démographique de la région et sont désormais, à l’instar de leur prédécesseur, des repères emblématiques du paysage de l’est parisien.

De l'industrialisation de Romainville & de ses besoins en eau

Les châteaux d'eau jumeaux de Romainville ont été construits en 1958 dans le quartier des Trois Communes/Les Ormes, situé aux confins de Montreuil et de Noisy-le-Sec. Ils font 40 m de haut et servent de point de repère de la ville.C'est le Syndicat des Eaux d'Île-de-France (SEDIF) qui est le maître d'ouvrage de ces structures

Romainville

En 1872, Ariste Hémard fonde à Montreuil une fabrique de liqueurs à base de gentiane, d’absinthe et d’alcools de fruits. L’entreprise Hémard  connaît un grand succès, notamment lors de l’Exposition universelle de 1900, où Hémard reçoit une médaille d’or. Peu de temps après il est élu maire de Montreuil. En 1926, sa société fusionne avec Pernod Père et Fils pour former les Établissements Hémard et Pernod Fils, qui emploient plus de 1 500 personnes. 

L’usine Pernod est construite en 1928 au 87 rue de Paris, sur le plan on voit le réservoir d’eau qui alimentait toute l’usine: la distillerie, le rinçage des plantes, le nettoyage des cuves… D’où sa position centrale dans l’usine. Le site ferme en 1974 pour être transféré à Créteil. Lors de la reconversion du site par la Semimo-B, une partie de l'usine est préservée, notamment l’ancien château d’eau, mémoire de l’activité industrielle passée. Il a été transformé en bureaux mais malheureusement le site n’est pas accessible au public.

Le château d'eau de l'usine de Hémard-Pernod

Montreuil tire son nom du latin Monasteriolum, qui signifie petit monastère. Dès le IXe siècle, c’est un village agricole important qui se développe autour d’un prieuré et qui devient célèbre pour ses murs à pêches : des murs de pierre utilisés pour cultiver des pêchers en maximisant l’exposition au soleil. Montreuil devient un centre majeur de production de pêches destinées à la cour royale et aux marchés parisiens. Jusqu’à 600 hectares de pêchers ont été cultivés à une époque, ce qui a fait la réputation de la ville. Ces murs existent encore en partie aujourd’hui, témoins de l’ingéniosité agricole de l’époque.

Montreuil 

Le château d’eau du Bel Air est construit en 1933. D'une capacité de stockage de 1540m3 et d’une hauteur de 33mètres dont 8m50 de hauteur pour le réservoir.Cet ouvrage est actuellement hors service, son coût de fonctionnement étant devenu trop élevé. Il a fait l'objet d'un projet d'étude de réhabilitation en ''pile thermique urbaine'' par la société Elioth, en 2009. Ce projet s'est avéré non rentable et a été abandonné. En 2013 l'ouvrage a fait l'objet d'un projet de conversion en habitat par l'ENSA Val-de-Seine. Finalement le château d'eau sera conservé en l'état et mis en lumière par Claude Lévêque, en 2015.

Montreuil tire son nom du latin Monasteriolum, qui signifie "petit monastère". Dès le IXe siècle, c’est un village agricole important qui se développe autour d’un prieuré et qui devient célèbre pour ses murs à pêches : des murs de pierre utilisés pour cultiver des pêchers en maximisant l’exposition au soleil. Montreuil devient un centre majeur de production de pêches destinées à la cour royale et aux marchés parisiens. Jusqu’à 600 hectares de pêchers ont été cultivés à une époque, ce qui a fait la réputation de la ville. Ces murs existent encore en partie aujourd’hui, témoins de l’ingéniosité agricole de l’époque.

Montreuil, quartier du Bel-air

Avant la construction du château d’eau, la vie à Neuilly-Plaisance était bien différente. Jusqu’en 1895, les habitants du Plateau d’Avron ne pouvaient compter que sur des sources, des citernes pour récupérer l’eau de pluie et des puits. Le sous-sol, fait de gypse recouvert de glaise imperméable, retenait les eaux de pluie, formant une nappe phréatique. En 1885, la Compagnie Générale des Eaux, soucieuse d'améliorer l’accès à l’eau, fait construire un premier réservoir appelé le Bassin sur le versant nord du Plateau, avenue du Nord. Mais ce réservoir, bien qu’utile aux villes alentour, profitait peu aux habitants du plateau d’Avron, installés plus haut. Il sera finalement abandonné au début des années 1900. Puis, en 1894, un premier réservoir est construit sur le point culminant du Plateau, offrant enfin de l'eau potable aux Avronnais. Alimenté par l’usine de Neuilly-sur-Marne, il est rejoint en 1902 par un second réservoir, bien plus grand. Enterré pour moitié, il dépasse à peine du sol, mais sa position élevée permet de fournir une pression suffisante pour desservir les maisons. En 1932, une nouvelle décision change tout : on choisit de construire un nouveau château d’eau d'environ 40 mètres de haut. C’est l’entreprise Larbanet, grand spécialiste des constructions de châteaux d’eau, qui se charge du projet. Il reçoit depuis sa mise en service en 1937 l’eau pompée de Neuilly-sur-Marne, et la redistribue à toutes les maisons du Plateau d’Avron et des villes voisines. Son imposante silhouette est devenue un monument phare du paysage urbain de la ville. Le 4 février 2020, après des années de mobilisation pour éviter sa démolition, il est reconnu comme un élément du patrimoine architectural et industriel local, protégé par le Plan Local d'Urbanisme.La municipalité, l’Association Mémoire Vivante du Plateau d’Avron, l’Association les Châteaux d’eau de France et de nombreux nocéens, épaulés par des habitants de villes voisines, se sont battus pour sa préservation. En 2022 le SEDIF prend en considération l’opinion du public et son attachement au château d’eau et confirme sa future restauration à l’identique et sa préservation.

De l'eau pour Neuilly Plaisance et le plateau d'Avron

Bonjour, vous qui passez devant mes augustes pieds en béton, connaissez vous l’histoire de ma commune? Non? Alors laissez moi vous la conter. Nous sommes au début du XIXᵉ siècle. Imaginez un paysage marécageux bordant la Marne, où les côteaux sont recouverts de vignes, et où quelques bûcherons vivent au cœur des bois. Ici, à cette époque, il n’y a pas de ville, seulement quelques fermes et maisons isolées. À la révolution la population est estimée à 620 habitants dont la majorité vit à Neuilly-sur-Marne, le village voisin. Mais tout va changer... et vite quand un ambitieux notaire parisien, Charles Henri Désiré Poulet-Langlet,flaire une belle opportunité ! Nous sommes sous le Second Empire, et les affaires vont bon train. En 1861, il achète d’un coup 80 hectares de terres boisées et marécageuses. Son but ?Lotir ces terrains et les revendre avec une marge impressionnante . Il les a achetés 30 centimes le mètre carré, mais va les revendre entre 75 centimes et 2 francs selon qu’ils possèdent des vignes ou des arbres fruitiers. Il s’engage donc à tracer des rues pour structurer la future ville. Les avenues principales comme Sainte-Anne, Léopold et de Plaisance mesurent 10 mètres de large, tandis que les rues secondaires en font 8. Et voilà comment naît le projet de Neuilly-Plaisance !Pour attirer les futurs habitants, Poulet-Langlet construit quelques maisons-témoins, notamment rue des Deux-Hameaux ou encore près du Canal. Petit à petit, les parcelles se vendent et une véritable agglomération se forme . Madame de Verdière, investit aussi – ce qui est exceptionnel pour une femme de son époque- en construisant des maisons supplémentaires dans les environs de la rue Désiré. En 1864, 600 lots sont déjà vendus ! Devant un tel succès, Poulet-Langlet agrandit encore son projet, en achetant le Grand Marais et le Petit Marais, des terrains marécageux proches de Fontenay-sous-Bois. Mais ces zones humides posent un vrai problème d’assainissement. Pour les drainer, Poulet-Langlet décide de creuser un canal qu’il fait prolonger à partir d’un ruisseau existant, la rivière Madame. Ce canal traverse tout le futur territoire de Neuilly-Plaisance mais il devient vite un cauchemar.Pourquoi ? Parce que les égouts des villes voisines, comme Fontenay-sous-Bois et Rosny-sous-Bois, commencent à s’y déverser, provoquant une odeur pestilentielle.Résultat ? La municipalité doit mettre en place un énorme programme d’assainissement pour se débarrasser de cette puanteur et éviter les risques sanitaires.Cela prendra près de 30 ans. Avant 1892, Neuilly-Plaisance faisait partie de Neuilly-sur-Marne. Les habitants, souhaitant plus d'autonomie, ont fait pression pour obtenir leur propre ville. Après plus de 20 ans de négociations et la construction d'une école et d'un cimetière, Neuilly-Plaisance est officiellement devenue une commune indépendante le 13 avril 1892. Dès 1893, la ville se modernise : une nouvelle école évite aux enfants de devoir marcher jusqu’à neuilly sur Marne, l’éclairage au gaz arrive ainsi que la construction d’un tramway qui sera même suivi de l'installation d’une invention de génie qui profite de l’installation des câbles électriques fraîchement installés pour le tram, le téléphone. Petit à petit, la ville devient un lieu prisé par les Parisiens, notamment grâce à son air pur et sa proximité avec la Marne. Et comme la ville s'agrandit, nécessitant beaucoup d’eau à acheminer vers les habitants. Ma construction est donc décidée en 1932 après décision du conseil municipal. Ce sera l’entreprise Larbanet ….Je suis né en 1938, construit en béton par l'entreprise Larbanet de Suresnes. Je m'élève fièrement à 45 mètres de haut. Approvisionné par l’usine de Neuilly-sur-Marne, j'ai pour mission d'alimenter en eau potable toutes les habitations du Plateau d’Avron, réparties sur trois communes. En 2020, j'ai eu l’honneur d’être inscrit sur la liste des bâtiments remarquables du Plan Local d’Urbanisme de Neuilly-Plaisance. Une belle reconnaissance pour un vieux serviteur comme moi ! Mais avant ma naissance, la vie ici était bien différente. Jusqu’en 1895, les habitants du Plateau d’Avron ne pouvaient compter que sur des sources, des citernes pour récupérer l’eau de pluie et des puits creusés un peu partout. Le sous-sol, fait de gypse recouvert de glaise imperméable, retenait les eaux de pluie, formant une nappe phréatique. En 1885, la Compagnie Générale des Eaux, soucieuse d'améliorer l’accès à l’eau, fit construire un premier réservoir appelé le Bassin sur le versant nord du Plateau, avenue du Nord. Mais ce réservoir, bien qu’utile aux villes alentour, profitait peu aux habitants d’Avron, perchés plus haut. Il sera finalement abandonné au début des années 1900. Puis, en 1894, un premier réservoir fut construit sur le point culminant du Plateau, offrant enfin de l'eau potable aux Avronnais. Alimenté par l’usine de Neuilly-sur-Marne, il fut rejoint en 1902 par un second réservoir, bien plus grand. Enterrés à moitié, ils dépassaient à peine du sol, mais leur position élevée permettait de fournir une pression suffisante pour desservir les maisons. En 1932, une nouvelle décision changea tout : on choisit de me construire. C’est Larbanet, grand spécialiste des châteaux d’eau, qui se chargea de me donner vie, en béton, tout comme l’église de la même époque. Depuis, je reçois toujours l’eau pompée de Neuilly-sur-Marne, et je la redistribue avec fierté à toutes les maisons du Plateau d’Avron et des villes voisines. Avec mes 45 mètres, j’impose ma silhouette sur le paysage, dominant la vallée de la Marne. Le 4 février 2020, après des années de mobilisation pour éviter ma démolition, une belle victoire fut remportée : je fus reconnu comme un élément du patrimoine architectural et industriel local, protégé par le Plan Local d'Urbanisme.La municipalité, l’Association Mémoire Vivante du Plateau d’Avron, et de nombreux nocéens, épaulés par les villes voisines, se sont battus pour que je continue à veiller sur eux. En 2022, le SEDIF confirma ma restauration à l’identique et ma préservation. Aujourd'hui, je me dresse fièrement au 12 avenue de l’Est, à Neuilly-Plaisance, sur le Plateau d’Avron. Juste en face, un petit square porte mon nom : le Square du Château d’Eau. Un bel hommage pour un vieux géant comme moi.….Et voilà, vous savez tous, quelle belle vie j’ai menée, je ne suis plus aujourd’hui qu’un symbole du passé mais je suis touché que vous vous intéressiez à mon histoire! N’hésitez pas à la partager! Ma haute silhouette vous en sera reconnaissante.

Sources: site web de la commune de Neuilly Plaisance et de l'association Mémoire du plateau d'Avron

Neuilly Plaisance, plateau d'Avron

Un premier château d’eau est élevé en 1875. L’histoire dit que l’eau manquait aux bornes des fontaines et que la population avait rédigé en 1896 une pétition. Un second château d’eau voit le jour en 1901, construit à quelques mètres du premier. Dans le premier, les deux niveaux sont aménagés et un logement de fonction est occupé par le fontainier, le releveur des compteurs et que le voisinage nomme “couche-en-rond” . L’eau est amenée de la Marne dans les réservoirs de 250m3 et 450m3. En 1938, des réservoirs sont construits sur la commune voisine de Gagny et les 2 châteaux d’eau de Clichy n’ont plus de raison d’exister. Jusqu’en 1970 ils sont habités par le fontainier et sa famille puis abandonnés. Ils sont réhabilités en logements par des particuliers en 1997.

Clichy-sous-Bois est passé du petit village rural à la ville animée que nous connaissons aujourd'hui. À l’origine, en 1820, elle ne comptait que 150 âmes et portait le nom de Clichy-en‑Aulnoy. À l’époque du Moyen-Âge, elle appartenait aux seigneurs de Livry, accueillait des Templiers, puis devint un lieu de pèlerinage après un miracle attribué à la Vierge. Déjà prisée des chasseurs, elle accueillait des châteaux où les nobles du Royaume venaient traquer le gibier. La Révolution française la transforme en commune en 1790, tandis qu’en 1814 elle reçoit des invités de prestige comme le tsar Alexandre de Russie. Le village devient Clichy-sous‑Bois en 1851. Et s’il ne compte que 1 434 habitants en 1912, l’entre‑deux‑guerres le laisse encore à l’écart du progrès moderne, sans tout‑à‑l’égout ni éclairage public. Tout bascule à partir de 1955 : la construction des premières résidences, à commencer par La Pelouse, entraîne une urbanisation rapide. Jusqu’aux années 1980, de grands ensembles voient le jour (PAMA, STAMU, Chêne Pointu, Bois du Temple, Forestière…), transformant Clichy-sous‑Bois en une commune de près de 30 000 habitants, à mille lieues du petit village qu’elle était autrefois.

Clichy-sous-bois 

Le château d'eau est moderne, il date de 1969 et enveloppe celui de 1939. Il s'agit de deux réservoirs concentriques, le plus récent ayant été construit autour du plus ancien dont on aperçoit le support de cuve entre les pieds du nouveau. Sa capacité est de 3000m³ elle était de 1250m3 avec le château d’eau de 1939 et elle augmente à 3000m3 avec la nouvelle construction de  1969.

Un château d'eau peut en cacher un autre

Bonjour, là en bas !Je suis le château d’eau, l’un des plus hauts bâtiments de Montfermeil. Certains disent que je ressemble à un vaisseau spatial, d’autres à une tour de guet… mais moi, je suis tout simplement : le château d’eau de Montfermeil. Je suis jeune, comparé à l’histoire de la ville dans les années 70 mais Montfermeil, elle, existe depuis des siècles. Son nom vient du latin Mons Firmi — le mont de Firme. Probablement un ancien propriétaire gallo-romain, imagine un certain Firme contemplant ses terres… Il y a bien longtemps. Au XIIe siècle déjà, on parlait de Montfermeil. Mais à cette époque — et jusqu’au XIXe — ce n’était qu’un paisible village rural. Des champs, des vignes, des forêts, des cultures. Et surtout… du bois. Le bois de Bondy, ressource précieuse qu’on exploitait avec soin. En 1800, il y avait à peine 500 habitants ici. Et l’on y vivait simplement, au rythme des saisons. Puis les temps changent. Le XIXe siècle voit arriver quelques riches Parisiens, attirés par le calme et l’air pur. Ils construisent de belles maisons secondaires. La ville reste rurale, mais se fait coquette. Et là… le tournant : 1900, le tramway ! Puis en 1906, l’électricité. Et un peu plus tard, les bus. La population grandit : 1500 habitants. Mais sans la fièvre industrielle de ses voisines. Ici, pas d’usines à perte de vue, pas de cheminées noircies. Montfermeil garde son âme tranquille, un peu à l’écart du tumulte. Et moi, me voilà ! Vers 1970, on me construit, haut et droit, pour répondre aux besoins d’une population en pleine expansion. Je ne suis pas un château de pierre, non… Je suis un château d’eau. Un gardien silencieux. Je veille sur la ville, je distribue ce qu’il y a de plus précieux : l’eau. Mon originalité ? Je suis fait de deux réservoirs concentriques. Oui, oui : un dans l’autre ! Un peu comme une poupée russe géante. Le plus récent a été construit autour de l’ancien. Une enveloppe moderne autour d’un cœur ancien. Et depuis là-haut, je vois tout.

Montfermeil

L'ancien château d'eau de Maison blanche

À la fin du XIXe siècle, face à la saturation de l’asile de Ville-Evrard, le Département de la Seine (aujourd’hui Seine-Saint-Denis) décide en 1894 de construire un nouvel établissement : la Maison-Blanche, destinée aux femmes et aux hommes souffrant d’alcoolisme. L’architecte Georges Morin-Goustiaux, formé aux Beaux-Arts, est choisi pour son projet inspiré d’un château. Entre 1932 et 1935 l’hôpital connaît une nouvelle saturation et se modernise avec l’ajout d’un sanatorium, d’une morgue et d’un château d’eau. En 1996, la fermeture progressive de l’établissement est actée. Aujourd’hui cet ancien hôpital de 60 hectares est en cours de transformation. Le projet devrait se terminer dans les environs de 2030. Le château d’eau a été conservé, aujourd’hui situé au centre d’une place, témoin silencieux d’un passé médical qui a beaucoup évolué ; le château accueille aujourd’hui les sirènes de la ville.

L'ancien château d'eau de l'hôpital de Neuilly sur Marne

Neuilly-sur-Marne, Maison blanche

Maison-Blanche, un site chargé d’histoire et d’évolutions !

Ce château d’eau dont la base est en pierre de meulière est surmonté d’une cuve métallique entourée d’un bardage de bois isolant. Il servait à l’approvisionnement en eau d’une partie de l’hôpital psychiatrique. Situé au milieu des bois qui s’étendent derrière l’actuel hôpital de Ville Evrard, il n’est malheureusement pas accessible au public.

L'ancien château d'eau de l'hôpital psychiatrique devenu EPS de Ville Evrard

Bonjour, je suis le château d’eau de Maison-Blanche, et crois-moi : j’ai plus d’un siècle d’histoires dans mes tuyaux. Tout commence à la toute fin du XIXe siècle. Ville-Evrard, le grand asile d’alors, déborde. On manque de place, de lits, de murs… Alors en 1894, le Département de la Seine dit : qu’il faut un nouvel établissement. Le choix tombe sur ce terrain, au nord de la route de Strasbourg. Un nom ? Maison-Blanche, comme le lieu-dit du domaine. Un concours est lancé, et c’est l’architecte Georges Morin-Goustiaux qui l’emporte. Un artiste, un bâtisseur ! Il imagine un asile aux allures de château avec une vision grandiose, humaniste même. Il a travaillé à San Francisco, aux docks d’Austerlitz… Ce n’est pas un débutant. Les premiers coups de pioche résonnent en 1896. Et en 1900, l’asile ouvre et les les premières voix résonnent dans les couloirs.. L’asile est immense : on y trouve des pavillons, pharmacie, salle des fêtes, blanchisserie, même un potager ! Construit pour accueillir 3 200 femmes, il n’en reçoit que 630 au début. Mais l’équipe est là, 144 agents, dévoués. L’histoire démarre. Puis arrive 1909. Un nom à retenir : le docteur Paul Sérieux qui fait évoluer le lieu. Fini l’asile rigide ! Il imagine un « village asilaire », avec des pavillons dispersés dans un jardin à l’anglaise. On soigne mieux quand on respire mieux, non ? Je le vois encore déambuler, rêveur, entre les allées fleuries. Mais la guerre frappe. La Première. L’asile devient hôpital militaire. Ici, on soigne les soldats blessés, gazés. Les cris changent de ton mais malheureusement, la souffrance est toujours présente.Dans les années 30, la pression monte : Il y a trop de patientes et pas assez de place. Et c’est là que j’entre en scène, entre 1932 et 1935 ! On modernise, on construit un sanatorium, une morgue… et moi, le château d’eau. Solide, fier, indispensable. Je veille sur tout le domaine, j'alimente, je protège. Les pavillons en tôle Fillod apparaissent aussi : modulables et pratiques. Puis, l’ombre d’une nouvelle guerre. 1939. Maison-Blanche se prépare : camouflage, tranchées, provisions. En juin 1940, c’est la débâcle. Quelques patientes sont évacuées à Rodez… mais la majorité reste. L’occupation commence. Moi, je reste droit mais tout se dégrade : plus de chauffage, plus assez à manger… C’est une hécatombe Mon cœur de pierres et de béton se serre encore en y pensant. L’après-guerre marque un tournant. Dans les années 70, la psychiatrie change. Place à une psychiatrie de proximité. Finie l’enfermement systématique, on soigne dehors, en ville, au plus près des vies des patients. Maison-Blanche change lentement, mais sûrement. Hôpitaux de jour, centres de soins urbains… Et en 1996, la fermeture progressive du site est décidée. Mais je ne suis pas oublié ! Non ! Car Maison-Blanche vit encore, autrement. Aujourd’hui, l’Établissement Public de Santé continue son œuvre pour 700 000 Parisiens. Il soigne enfants, seniors, personnes en addiction… Il s’adapte et évolue contrairement à moi qui suit figé dans le temps mais qui peut encore raconter l’histoire de ce lieu incroyable dont le patrimoine raconte une époque. Une vision de la folie, du soin, de la dignité humaine. Alors bientôt, une nouvelle vie s’annonce : un projet de reconversion est en marche pour Maison blanche!

Le cas Camille Claudel, une sculptrice internée de force à l'asile

Camille est internée à l’asile de Ville-Évrard le 10 mars 1913 par « placement volontaire» demandé par sa mère. Camille Claudel a 48 ans. Sa famille demande que ses visites et sa correspondance soient restreintes. Elle restera à Ville Evrard jusqu’à ce que l'asile soit réquisitionné par l’armée en 1914 à cause de la première guerre mondiale. Elle est alors envoyée dans le Vaucluse, à l’asile de Montfavet,en septeptembre 1914, elle y restera enfermée pendant 30 ans, condamnée à périr sous les mauvais traitements alors qu’elle était arrivée à surmonter ses démons.Elle ne sculpte pas et ne reçoit aucune visite de sa mère, qui meurt en 1929, ni de sa sœur, décédée en 1935. Retenu à l’étranger par ses fonctions diplomatiques, son frère Paul vient la voir une douzaine de fois. En 1929, sa vieille amie, Jessie Lipscomb, lui rend visite avec son époux à l’occasion d’un voyage en Europe. Cette rencontre est immortalisée par une photographie. Sous l'occupation allemande ses conditions se dégradent à cause du manque de soins, selon l'idéologie nazie les personnes souffrantes de troubles psychiatriques devaient être éliminées. Très peu de moyens sont donc accordé aux hopitaux psychiatriques pendant cette période et Camille Claudel meurt lentement de faim en 1943.

Neuilly-sur-Marne, Etablissement Public de Santé de Ville-Evrard

Avec l’ouverture de la ligne Paris-Soissons en 1877, le village commence à s’industrialiser. Des ouvriers viennent s’installer, attirés par la proximité de Paris et les nouvelles usines.Le château d’eau est construit en 1928. Des années 40 aux années 60 la ville entre dans un âge d’or industriel et passe de 18 000 à 45 000 habitants, le Blanc-Mesnil devient une ville industrielle importante où de nombreuses entreprises s’installent : la Compagnie Rateau, fleuron de la mécanique lourde (turbines, compresseurs), des entreprises de plasturgie, chimie, matériaux de construction, et des ateliers liés à l’aéronautique, grâce à la proximité du Bourget. Un second château d’eau est construit en 1959 pour subvenir aux besoins en eau des habitants comme des entreprises implantées en ville. Un fait notable: le Blanc Mesnil est l’une des seules villes d’Ile-de-France à produire sa propre eau potable par l’intermédiaire de puits, l’eau étant captée dans la couche du sparnacien située à moins de 100 mètres de la surface. La ville attire une main-d'œuvre française puis étrangère. Des grands ensembles sont construits pour loger les familles ouvrières. Malheureusement à partir des années 70-80, la désindustrialisation frappe : de nombreuses usines ferment ou sont rachetées. La ville qui compte maintenant 48 000 habitants ne peut plus être approvisionnée par l’ancien château d’eau qui est alors transformé en équipement public par l’architecte Yves Guérithault en 1998. Le site accueille maintenant de nombreuses associations.

Tout commence il y a bien, bien longtemps… L’époque gallo-romaine, pour être précis ! À cette époque, ici, il n’y avait qu’un mansionile — une « petite maison » en latin. Oui, c’est de là que vient le nom de Blanc-Mesnil. Une “petite maison”, devenue grand village, puis une ville. Jusqu’au XIXème siècle, c’était encore un paisible village agricole. Des champs, des vignes, des moulins. À peine 400 habitants, qui vivaient au rythme des saisons et du travail de la terre. Tranquille. Mais en 1877, tout change. Paris-Soissons. Le train arrive. Le monde s’accélère. Et le Blanc-Mesnil commence à se transformer. Les usines s’installent. Les ouvriers arrivent. Et hop, la population double ! On passe à 1 000 habitants. Le village devient un bourg ouvrier. Le béton pousse, les machines ronronnent. Et c’est dans cette dynamique que je suis né, en 1928. Ah ! Ma jeunesse… Quel honneur d’avoir été construit pour servir la ville. Moi, château d’eau, j’ai stocké, régulé, distribué l’eau qui coulait dans les foyers. Je veillais. J’étais indispensable, mais discret. Fidèle. Pendant 60 ans, j’ai fait mon travail sans me faire remarquer. Mais, tu sais, même les châteaux d’eau prennent de l'âge! Et un jour, ma cuve s’est vidée pour la dernière fois. Fini l’eau. Silence. J’étais là, debout mais inutile. Abandonné. Oublié ? Pas tout à fait. Yves Guérithault, un architecte visionnaire, m’a vu comme un potentiel inexploité. Un projet en attente de concrétisation. Il s’est dit : Et si on faisait vivre ce vieux château d’eau autrement ? Alors, pendant trois ans, ils ont étudié, calculé, gratté, scié dans mon béton. Oui, oui, ils ont percé mes murs pour y faire entrer la lumière. Fini l’obscurité, me voilà transformé ! Ils m’ont offert des ouvertures, des espaces, de la chaleur, de la vie. Et quel jour, mes amis… Le 3 juin 1988 ! Quelle fête ! Le maire remet les clés aux habitants. Mes clés ! Et d’un coup, la musique envahit mes étages. Des saxophonistes, des choristes, des danseurs, des guitares, des tambours… J’en ai vibré pendant des jours! Depuis, je ne suis plus juste un château d’eau. Je suis un lieu vivant. Un équipement social. Un trait d’union entre passé industriel et futur citoyen. Les associations m’animent, les habitants me traversent, les idées circulent. J’ai troqué l’eau pour la culture et le service pour la création. Alors, quand tu lèves les yeux vers moi, rappelle-toi : je ne suis pas qu’un bâtiment. Je suis un bout d’histoire du Blanc-Mesnil.

Le blanc-Mesnil 

Le chantier du château d'eau triple de Villepinte

En réponse à la demande croissante des besoins en eau potable dans l’est parisien, le Syndicat des communes de la banlieue de Paris pour les eaux, en partenariat avec la Compagnie Générale des Eaux, lance dans les années 1960 un projet ambitieux de renforcement du réseau. Il s’agit de construire à Villepinte, sur un site stratégique en bordure de futurs grands axes routiers, un réservoir de stockage de 12 000 m³, destiné à desservir Villepinte, Tremblay-en-France, et la future zone industrielle Paris-Nord 2. Le projet est conçu comme un ensemble de réservoirs disposés en hexagone régulier, pour une parfaite répartition. Chaque tour culmine à 48 mètres, avec une forme hyperbolique de révolution, alliant robustesse, efficacité structurelle et élégance architecturale. L’esthétique a été pensée pour marquer le paysage autoroutier, tout en s’intégrant harmonieusement dans un environnement industriel et dans le futur parc.. Le sous-sol étudié par la société Siemenescalle permet la réalisation de fondations profondes sur semelles annulaires. Le chantier mise sur une préfabrication poussée : nervures, escaliers, dalles, éléments de cuve… tout est assemblé sur place avec précision, pour une exécution rapide. Le fut de chaque château d’eau est monté en 3 mois, l’ensemble de la tour en 4 mois, la cuve en 5 mois. Ce projet, réalisé en deux phases par le SEDIF et le syndicat intercommunal de Tremblay-lès-Gonesse, témoigne d’un savoir-faire technique d’exception. Les trois châteaux d'eau sont mis en service fin 1979.

L'épique construction du château d'eau triple de Villepinte

Vous nous regardez?? Pas mal, hein ?Avec nos 3 silhouettes élancées et notre air de sculpture, on nous confond parfois avec une œuvre d’art moderne. Mais non : nous sommes 3 châteaux d’eau posés là comme des mousquetaires le long de l’autoroute A1. C’est dans les années 60 que tout a commencé. Paris s’étendait, les communes voisines grandissaient, les besoins en eau potable explosaient. Alors, le Syndicat des communes de la banlieue de Paris pour les eaux, avec la Compagnie Générale des Eaux, s’est dit : « Il faut voir grand. Très grand. » Et paf ! Le projet est lancé : 12 000 m³ d’eau à stocker, rien que ça. Il fallait un emplacement stratégique. Ils ont choisi Villepinte, à la croisée des futurs grands axes routiers, un endroit fait pour regarder l’avenir en face. Mais attention, ce n’est pas juste un grand récipient posé sur un champ. Non. C’est de la géométrie, de l’ingénierie de précision, du design réfléchi. On a été conçus comme un hexagone parfait, nos tours disposées comme les pétales d’une fleur technique, pour que l’eau se répartisse avec équilibre. Chaque tour ? 48 mètres de haut. Élancées, courbes, dessinées en forme hyperbolique de révolution — une caresse mathématique entre la solidité et la grâce. Et tu crois que c’était du bricolage ? Pas du tout ! Le chantier a été mené comme une partition d’orchestre. Tout était préfabriqué : les nervures, les escaliers, les dalles, les cuves… Et sur le sol étudié à la loupe par Siemenescalle, on a planté nos fondations profondes comme des racines dans la terre. Robustesse garantie. Regardez le rythme : Le fût de chaque tour ? Monté en 3 mois.La structure entière ? En 4 moisEt la cuve ? Hop, bouclée en 5 mois.Rapide, propre, efficace. De la haute couture en béton. Et derrière ce projet, il y avait des noms que nous n'oublierons pas : le SEDIF, et le syndicat intercommunal de Tremblay-lès-Gonesse. Grâce à eux, nous avons été mis en service fin 1979. Depuis ,nous veillons à la bonne distribution de l’eau. Nous faisons partie du quotidien de Villepinte, de Tremblay-en-France, et de toute la zone industrielle Paris-Nord 2, qui a bien grandi depuis. Et nos architectes n’ont pas seulement pensé à l’eau mais au paysage. Ils voulaient que notre silhouette marque les esprits depuis l’autoroute, mais sans faire tâche. Ici, dans cet entre-deux de nature et de béton, on s’est intégrés. Et d’ailleurs vous pouvez même vous approcher. Oui, vraiment, il suffit d’entrer par le grand parc départemental du Sausset. Vous pourrez nous admirer à votre aise et lever les yeux! Ce sera mieux qu’à travers la vitre de votre voiture!Et avec un peu de chance vous pourrez même apercevoir les rapaces qui ont décidé de nicher en haut de nos tours.

 Aulnay-sous-bois, Parc du Sausset 

Thème Monumentales

Les châteaux d’eau racontent, à leur façon, l’histoire de la Seine-Saint-Denis :
mémoire du passé, enjeux présents et témoins architecturaux de l’évolution du
territoire.
Le Panorama des châteaux d’eau de Seine-Saint-Denis est un projet qui invite à
(re)découvrir l’histoire du département à travers ses châteaux d’eau, depuis son
téléphone, son ordinateur ou sa tablette.
Pensé pour tous les publics, ce parcours ludique s’appuie notamment sur des
conversations intergénérationnelles, des photographies, cartes postales, vidéos et
quiz. Il permet aux Séquano-Dionysiens de porter un nouveau regard sur leur
territoire, en explorant son passé et ses évolutions à travers ces monuments aussi
emblématiques que méconnus.